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Procès de Paris - Maître Saveriu Felli : "Quelle est la logique, si ce n’est une logique politique ?"


le Vendredi 7 Octobre 2016 à 19:52

Saveriu Felli, 26 ans, est l'un des quatre avocats qui assuraient la Défense de Nicolas Battini. Quasiment du même âge que son client, il nous livre son point de vue sur le procès.



Fils de Lucien Felli, qui fut l'un des premiers élus autonomistes et défenseurs de militants nationalistes, ce jeune ajaccien a commencé ses études de Droit à Corte avant de les terminer à Assas. Il exerce depuis entre Paris et la Corse.

 
Interview de Maître Saveriu Felli,  avocat de la Défense,
représentant Nicolas Battini avec Me Benjamin Genuini, Me Rosa Prosperi et Me Lucien Felli.

" Ce n'est en rien le verdict que vous espériez ? 

Non, nous attendions un verdict plus clément, pour plusieurs raisons : 

La première c’est que nous avions réussi collectivement à démontrer à l’audience que les faits qui étaient jugés par cette Cour, par leur faible intensité, ne justifiaient pas de tels moyens d’investigations, une telle attention et de tels débats.  

La seconde, c’est que nous avons rappelé à la Cour que la Corse était sur la voie de l’apaisement, que Nicolas Battini était indéniablement sur cette position et qu’il fallait en tenir compte pour envoyer un message à la jeunesse de l’île, en rendant un verdict clément et mesuré.  

"Le mot terroriste n'a pas sa place dans cette affaire", une phrase que vous avez martelée pendant ce procès...  Au final, que pensez-vous du verdict ? 

Huit ans d’emprisonnement, quand on passe devant une Cour d’Assises Spéciale, ça peut paraître « modéré ».  Néanmoins, sur le fondement du dossier et eu égard aux faits c’est lourd, excessif.  Quelle est la logique de tout cela, si ce n’est une logique politique ?  
 
Quelles sont les causes de ces condamnations ?  

Outre, les raisons évidentes qui font que des Corses sont condamnés depuis 40 ans par cette juridiction ou son ancêtre, certainement de la part des magistrats la volonté de ne pas « atténuer » la portée du travail effectués par des collègues.  

Pour le dire différemment, la Cour d’Assises Spéciale a certainement voulu justifier, par un verdict lourd, les moyens d’investigations – à notre sens totalement disproportionnés - mis en œuvre dans ce dossier.  
 
En tant qu'avocat, quel est votre point de vue sur cette situation ? 

Quand on vit en Europe, on arrive à comprendre ce que veut dire le terme « terrorisme ».  Il ne faut pas vider ce terme de sa substance, particulièrement en ce moment. 

Troubler l’ordre public par la terreur et l’intimidation nécessite quand même d’atteindre une certaine échelle de gravité dans les faits, sinon c’est qu’on juge autre chose.  A ce titre, la réponse de la Cour d’Assises spéciale est maladroite.  

Et en tant que jeune Corse de 26 ans, qu'en pensez-vous ?

Je pense que la Corse a besoin de sa jeunesse et qu'il faut continuer à œuvrer pour la paix.

Et concernant le verdict, quels sont vos recours ? 
 
A l’heure actuelle, je n’ai pas d’informations particulières sur un éventuel recours."